Honoré de Balzac, (1799 - 1850) écrit le roman "Béatrix" en 1839 après un séjour à Guérande, et dont une partie de l'action s'y déroule.

"...Une des villes où se retrouve le plus correctement la physionomie des siècles féodaux est Guérande. Ce nom seul réveillera mille souvenirs dans la mémoire des peintres, des artistes, des penseurs qui peuvent être allés jusqu'à la côte où gît ce magnifique joyau de féodalité, si fièrement posé pour commander les relais de la mer et les dunes, et qui est comme le sommet d'un triangle aux coins duquel se trouvent deux autres bijoux non moins curieux, le Croisic et le bourg de Batz. Après Guérande, il n'est plus que Vitré situé au centre de la Bretagne, Avignon dans le midi qui conservent au milieu de notre époque leur intacte configuration du moyen âge. Encore aujourd'hui, Guérande est enceinte de ses puissantes murailles : ses larges douves sont pleines d'eau, ses créneaux sont entiers, ses meurtrières ne sont pas encombrées d'arbustes, le lierre n'a pas jeté de manteau sur ses tours carrées ou rondes. Elle a trois portes où se voient les anneaux des herses, vous n'y entrez qu'en passant sur un pont−levis de bois ferré qui ne se relève plus, mais qui pourrait encore se lever..."

   
    

Émile Zola (1840 - 1902), lors d'un séjour à Batz en 1876 écrit une nouvelle "Les coquillages de M. Chabre" ayant pour cadre Guérande et les Marais Salants.

« …La vue de Guérande, de ce bijou féodal si bien conservé, avec son enceinte fortifiée et ses portes profondes, surmontées de mâchicoulis, l’étonna. Estelle regardait la ville silencieuse, entourée des grands arbres de ses promenades ; et, dans l’eau dormante de ses yeux, une rêverie souriait. Mais la voiture roulait toujours, le cheval passa au trot sous une porte, et les roues dansèrent sur le pavé pointu des rues étroites. Les Chabre n’avaient pas échangé une parole… »



Gustave Flaubert (1821 - 1880), "Par les champs et par les grèves (voyage en Bretagne)", évocation de la campagne guérandaise.

 

« La Vie humaine a de beaux moments », notait Honoré de Balzac (1799-1850), inspiré par une longue promenade en presqu'île guérandaise. Comme Stendhal et Flaubert, premiers « touristes » de la littérature, ce forçat de la plume aimait nourrir ses oeuvres de notes glanées par les champs et les grèves. En ce printemps 1830, il fêtait le succès des « Chouans », premier d'une longue série de 85 romans, et avait rejoint sa maîtresse Laure de Berny en Touraine. Elle lui proposa alors « le plus poétique voyage qui soit possible en France ». Le 4 juin, ils embarquèrent sur un pyroscaphe à Saumur, descendirent la Loire par Angers et Saint-Nazaire, et de là empruntèrent la patache du voiturier Bernus, une sorte de malle-poste brinquebalante pour arriver à Guérande, autant dire au bout du monde. « Guérande est encore une ville à part, essentiellement bretonne, catholique fervente, silencieuse, où les idées nouvelles ont peu d'accès... Jetée au bout du continent, Guérande ne mène à rien, et personne ne va à elle. Heureuse d'être ignorée, elle ne se soucie que d'elle-même. » Ainsi lui apparaît-elle. « Magnifique joyau de la féodalité, fièrement posé pour commander les relais de la mer et les dunes…

…L'été, les étroites routes qui serpentent au milieu des vasières grouillent d'une incessante activité cependant que les mulons de sel étincellent au soleil. L'hiver, la vie se fait discrète, mais la mosaïque fascinante des salines joue toujours avec les reflets du ciel capricieux. A l'abri des étiers et des roselières, aigrettes, hérons et autres foulques forment des ballets aériens. Et, comme pour souligner les impressions orientales relevées par Balzac en son temps, depuis peu, des ibis sacrés échappés d'un parc zoologique ont fait colonie ici. Alors que la plupart des marais qui alimentaient jadis la France et l'Europe ont disparu, ceux de Guérande, les plus septentrionaux d'Europe, forment une exception, un des rares exemples, fragile, d'équilibre, dont la coopérative installée à Pradel est la garante.

 

Article in Les Echos Découverte de la ville bretonne avec l'auteur de « Béatrix » : Guérande, dans les pas de Balzac, 11 février 2005


 

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