MLR / Les marais salants : paysages aux milles miroirs d'eau

 

Les marais salants de Guérande et du Bassin de Mès constituent un site remarquable du patrimoine européen où le sel est toujours récolté à la main par les paludiers.

Le bassin salicole guérandais comprend près de 2000 hectares de marais cultivés et incultes répartis en deux zones… L'une, autour du Traict du Croisic, la plus vaste, s'étend sur les communes de Batz, de Guérande, de La Turballe. L'autre est située au-delà du coteau guérandais et couvre 350 hectares sur les communes de Mesquer, de Saint- Molf et d'Assérac. Cette dernière reçoit l'eau du Traict de Mesquer.

 

La technique actuelle d'exploitation des marais salants est antérieure au IXe siècle (technique solaire). La création des salines s'est étendue sur plusieurs siècles. Vers l'an 1500, les marais atteignaient 80 % de la surface actuelle. Entre 1560 et 1660, grâce au développement du commerce maritime, 2500 oeillets seront construits. Les dernières salines ont été construites vers 1800.

 

Mais un abandon progressif commence dès le milieu du XIXe siècle face à la concurrence du sel de mine, à la baisse de consommation du sel alimentaire comme produit de conservation et à l'amélioration des transports par voie terrestre.

 

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Les marais salants  en danger

 

Dans les années 1950, les paludiers sont confrontés à l’évolution des habitudes alimentaires – les produits raffinés, le sel comme le sucre, mais aussi de nouveaux comportements-,  une baisse importante du prix du sel à la production  et le tourisme avec le développement des stations balnéaires et la spéculation foncière.

 

L’activité salicole est en danger en presqu’île.

 

Les paludiers se battent contre le bétonnage du littoral ; Les paludiers encore en activité reçoivent le soutien d’une vingtaine d’associations de protection de la nature. Une audience médiatique importante, une réelle communication  ont été les amorces d’une réelle prise de conscience de l’identité des paludiers et du sel de Guérande.

 

Dans les années 1980, beaucoup de marais sont à l’abandon, beaucoup de salines sont inutilisables, c'est un constat mais cette période a aussi redonné l'espoir de voir le nombre de paludiers dépasser les 200.

On repense alors le métier de paludier, ce savoir-faire ancestral, il faut le transmettre ; Des paludiers issus de la presqu’île mais aussi d’autres régions entament un long travail de reconstruction, de production  et de commercialisation. Le stage professionnel, mis en place en 1979, a permis un rajeunissement et un renouvellement de la profession.

En 1988, est créée le "Groupement des producteurs de sel de Guérande", pilier de la reconquête économique et de la survie des marais salants.  Les paludiers ont su s'organiser et défendre leur produit face à la concurrence.

En 1989, Le Groupement des Producteurs de Sel s'est constitué en Coopérative Agricole qui, grâce à une politique de qualité et promotion, a réussi à augmenter les ventes.

Sous l'impulsion du Groupement, l'Association pour la Promotion du Sel de l'Atlantique (Aprosela), a été créée en 1990.

 

 


Pour mieux maîtriser la commercialisation du sel, elle a, en 1992, racheté une société de production et de vente : Les Salines de Guérande.

Depuis 1995, les surfaces exploitées progressent.

Guérande obtient, en 1996, le classement officiel du site des ses marais salants.

 

Partager aussi cette presqu’île blanche avec le touriste.

"Terre de Sel" créée en 2002, la "Maison du Paludier", à Saillé, le "Musée des Marais Salants" à Batz-sur-mer  sont autant de structures d’accueil pour expliquer, partager et transmettre  l’amour d’un métier, d’un environnement,  des marais salants.

 

Aujourd'hui dans le marais salant, nous comptons environ 250 paludiers, qui récoltent 12000 tonnes de sel par an.

 


Le sel gris  et la fleur de sel ont fait la renommée de toute la presqu'île Guérandaise.

A chaque marée, la mer monte dans un canal appelé "étier".

En été, le paludier ouvre alors une "trappe" sur la "vasière" qui sert de réservoir et de lieu de décantation.

Puis, par des bassins successifs, grâce à de minutieux réglages et une très faible pente, l'eau circule sur une mince épaisseur. L’eau s'évapore sous l'action du soleil et du vent. Au terme d'un long parcours sur l'argile de la saline, cette eau  fortement salée devient saumure dans les "adernes".

 

Le paludier récolte le sel au printemps.

Armé d’un grand râteau, le paludier écrème les œillets et ramène le sel sur la ladure, petite plate-forme au milieu des œillets.

Des cristaux fins et légers flottent en larges plaques  à la surface de l’eau, c’est la "fleur de sel" ou sel menu cueilli avec la lousse : 3 à 5 kg par jour, par oeillet et par beau temps.  

C’est à l’aide d’un las que le paludier recueille le gros sel, au fond des oeillets, sur "la mer du marais" ; Ce gros sel est formé de cristaux de tailles variables.

Cent fois plus productive est la récolte de ce gros sel ou sel gris : 50 à 70 kg par jour, par oeillet et par beau temps. Ce sel récolté s’égoutte, est porté au meulon puis à la salorge, greniers à sel.

 

Une fois la récolte terminée, les marais sont inondés et passent l’hiver sous l’eau.

Plus qu'un métier, être paludier est également un art. Il est aujourd'hui l'un des rares métiers agricoles qui soit presque exclusivement manuel et qui nécessite une technique exempte de mécanisation et d'apports chimiques.

 


Quelques termes 

 

L’étier : chenal d’alimentation menant l’eau de mer aux salines par les bondres (chenaux qui bordent la saline).

La vasière : premier réservoir. Elle exerce un rôle de décantation et d’évaporation. Souvent une pierre est en son centre, elle sert de niveau.

Le cobier : bassin secondaire.

Les fards : réservoirs de chauffe qui approvisionnent quotidiennement les œillets en saumure.

Les œillets : derniers bassins de la saline où cristallise le sel. En son centre un plate forme circulaire sert à stocker la récole du jour : la ladure

Les gale-ponts : surfaces piétonnes réservées au paludier.

Les  traicts : étendues argilo-sableuse reliant la mer et les salines. Ces zones sont couvertes par la marée deux fois par jour. Il y poisse une végétation dense et rase comme la spartine et la salicorne, installées sur les parties hautes, submergées seulement lors des grandes marées.

 

Tout au long du trajet de l’eau dans les différents bassins, les couleurs changent.

Marron : pour la vasière et le cobier : bassin de décantation et de réchauffement

Vert : pour les fards : bassins d’évaporation

Rose : pour les derniers fards et les adernes : réserve journalière de saumure nécessaires aux œillets

Blanc : pour les œillets : bassin de cristallisation

 


Marais Salants de Guérande Marais salants de Guérande   Album photos

La Fleur de Sel de Guérande bénéficie d'une charte de qualité, et le sel de Guérande, d'un Label rouge.

Les marais salants de Guérande, comprennent deux bassins salicoles : le plus grand et le plus connu entre Guérande et la presqu'île du Croisic, sur le traict, et le bassin du Mès, plus modeste, à Mesquer.
Richesse d'une région, le sel a façonné la vie, le patrimoine, l'environnement, l'architecture de la cité médiévale et de l'ensemble de la presqu'île guérandaise. Un attachement sans faille lie depuis des siècles des hommes, les paludiers, à cette ressource inestimable qu'est le sel.
Les marais salants de la Presqu'île guérandaise sont aussi inscrits depuis 1971 sur la liste des zones humides à protéger de la Convention de Ramsar.
Les marais salants de Guérande sont catalogués "sites remarquables du goût".


Marais Salants de GuérandePetit lexique des marais salants

Marais Salants de GuérandePage consacrée à Gildas Buron
, conservateur du patrimoine, musée des Marais salants de Batz-sur-Mer

 

 

 

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